samedi 28 mai 2011

C'est ma cachette.




La cicatrice en forme de coeur sur mon épaule droite je la garde juste pour moi. Comme une bonne chanson qu’on veut garder qu’on veut pas gâcher qu’on écoute juste dans des moments neutres pas trop rempli de rien. Une bonne chanson qui doit pas porter d’odeurs ni de nom ni de mains qui pèsent sur des hanches qui se sentent en sécurité ni d’yeux mouillés ou de dedans peut importe le dedans tout beau tout brillant ou déchiré. Une belle chanson qui sent rien que la musique. Une chanson-cachette qui te ramène toujours à la même place à quelque part de bon en toi tout seul. C’est difficile de pas gâcher une bonne chanson. Comme de garder un p’tit bout de son corps rien qu’à soi. Faque la cicatrice en forme de coeur sur mon épaule droite j’la garde juste pour moi. C’est ma cachette.

vendredi 27 mai 2011

Comme une p'tite bulle en dessous d'une roche à Old Orchard.




Je l’sais que tu m’as pleuré même si tu veux pas l’dire. L’autre soir sur le coup parce que tu t’y attendais pas je l’sais que t’as pleuré. T’as juste pleuré parce que tu voulais être celui qui. Tu voulais pas que ça soit moi. T’aurais jamais pensé que ça aurait pu être moi. T’as pleuré mon corps en petits morceaux. Plein de petites mini mini femmes qui sortaient de tes yeux presque des bébés ou des poupées barbie tiens mais avec des seins pis un sexe pis du poil pis des formes de femmes des vraies pis toute. Qui se tenaient la main qui étaient solidaire malgré tout. Je l’sais que l’autre soir y avait plein de morceaux de femmes sur ta belle chemise bien repassée comme si t’avais voulu me manger pis que t’en avait mis partout comme un gros bébé mal élevé. Je l’sais que t’as honte de ça pis que c’est pour ça que tu l’dis pas mais je l’sais que tu m’as pleuré. Ça du être facile de pleurer mes doigts ils sont petits même mes poignets ils sont fragiles ils se serrent bien ils ont du passer facilement mais ça du être plus difficile quand mon ventre mes fesses pis mes hanches ont passé tu devais te pogner la tête à deux mains tellement ça faisait mal tu devais crier hein? Elles t’ont fait mal mes grosses hanches de femme? Je sais pas comment t’as pu pleurer mes hanches de tes si petits yeux vitreux y ont du fendre jusqu’à tes oreilles t’as du te couper ton beau p'tit visage avec mes hanches pis tes yeux brisés ça devait être beau beau comme si t‘étais tombé en pleine face dans un miroir cassé. Tu penses tu que mon ventre pis mes hanches pis mes fesses t‘aimaient elles? Tu penses tu qu‘elles te souhaitent pas 7 ans de malheur? C’est tu toi qui t’es recousu tout seul ou ben t’as demandé à quelqu’un? T’as tu été game de demander à une autre fille? Comment tu lui as expliqué ça hein ‘’c’est elle qui m’a fait ça‘’? Elle t’as tu pleuré elle a tu pleuré tes pauvres p’tits yeux en les recousant elle s’est tu dit en reniflant maudit maudit quel gachis? Si elle t’avait pleuré pour vrai t’aurais vu ton p’tit corps en position fœtale toute vide toute gelé sortir de ses yeux comme une p’tite bulle en dessous d’une roche à Old Orchard oui oui aussi facile que ça, t’aurais vu comme une p’tite bulle gelée ça explose bien sur le coin d’une table de cuisine.

Je l’sais que tu m’as pleuré mais j’men fou parce que je l’sais que je suis pas le premier corps qui passe-brise-déchire-détruit-tombe-disparaît par là, par toi. Sur ton corps ça paraît pas t’es bon en maudit mais les yeux ça ment pas. T’as plein de petites cicatrices de femmes sur le bord des yeux. C’est l’temps que tu m’as dis c’est l’temps c’est la vieillesse c’est la sagesse moi c‘est les femmes j‘te dis. C’est des cicatrices de hanches de femme que t’as sur le bord des yeux. C’est comme ça que la vie se venge de c’qu’on aime pas.

Je suis fâché que tu pleures dans l‘fond j‘m‘en fou pas. J'comprends pas. C’est moi qui devait pleurer. Mais j’ai pas l’goût d‘avoir l‘air vieille à cause de toi. J’ai pas l’goût d’avoir ta queue comme cicatrice su l’bord des yeux. J’t’hais.

jeudi 26 mai 2011

je pense à toi j'ai même pleuré.

Quand j'était petite j'avais une boîte à chapeau qui sentait un peu la poupée parce que je mettais mon linge de Barbie dedans. Après j'ai mis mes robes de Barbie dans une valise rose avec une poignée mauve pis je l'ai mis en haut de mon garde-robe parce que j'avais grandi pis dans ma boîte ronde j'ai mis plein des lettres pliées en forme de carré pis de triangle qui disaient salut j'ai pas grand chose à dire mais le cours est plate ou c'était live le party en fin de semaine ou sais tu s'il pense à moi ou est-ce que ça te dérange si je trippe dessus parce que je sais qu'il t'intéressait ou j'suis stressée de frencher pour la première fois à côté des autobus mais dis le pas ou t'as vu en éduc elle à une brassière ou on se voit à récré ou veut tu sortir avec moi oui ou non ahah c'est même pas vrai personne fait ça, elles disaient plein de choses comme ça pis y en avait une spéciale plus fragile que les autres parce qu'elle avait été pliée pis dépliée plusieurs fois qui disait quelque chose comme: ça fait deux jours que j'ai rien l'goût de faire je suis assis dans l'escalier pis j'pense à toi j'ai même pleuré.
C'était le premier gars qui pleurait à cause de moi.
Après j'ai encore grandi (mais pas tant que ça). J'ai perdu ma boîte ronde. Maintenant les mots les escaliers pis toute sont dans mon ordi. Pis j'me rappelle même plus comment on plie une lettre en triangle ou en carré.
Le temps sent pu la poupée Barbie,
c'est pas mal moins romantique.

mardi 24 mai 2011

Dans l'temps qu'on pensait qu'on s'avait dans l'coeur alors qu'on s'avais juste sur les doigts encore comme des fleurs.





Y m’pousse des fleurs au bout des doigts depuis que j’tai vu ça doit être ça l’été ça doit être un peu comme toi.

L’été ça arrive comme ça soudainement c’est beau beau tu fais des grands aaahhhhhh tu respire fort pour que toute le beau rentre dans ton corps pis après tu t’habitue pis la vie continue.

Faut que j'm'habitue pis que la vie continue là faut pas que ça soit le genre de fleurs qui grimpent pis qui s'entortillent jusqu'à partout su l'corps. J’ai besoin de mes mains.

Elles sont déjà prises ailleurs.

Pis ça s’rait ben ben totché d’expliquer ça.


C'est beau l'été ça arrive là là maintenant pis on fait aaaaahhhhh pis on rentre toute ça dans nos dedans pis on espère don qu'on s'habituera pas.

Une p'tite écriture laite de gars.


On avait ri parce qu’il se rappelait même pas de mon nom pis qu’il voulait que j’lui prête mon cahier de math pour copier mon devoir. J’avais dis oké vu qu’il avait d’la misère à l’école pis que moi j’tai pas loin d’être une bolée, que j’tais ben smatt pis un peu naïve aussi (mais à condition que tu te rappelle de mon nom tsé).
 
Y avait fallu que je chiale pour qu’il me le redonne parce qu’il l’oubliait tout l’temps chez eux. Quand il me l’a redonné les coins de la page couverture étaient un peu retournés (pis je faisais s.u.p.e.r. attention à mes pages couvertures dans c‘temps là) mais on dirait que ça m’dérangeait pas tant que ça.
 
Il arrêtait pas de rire pis de m’dire t’as tu vu t’as tu vu pis de m’faire des insides que j’comprenais pas faque un soir chez nous j'ai regardé toutes les pages une à une pour arrêter d’avoir l’air nounoune pis dans le milieu de la dernière page c’était écrit avec une p’tite écriture laite de gars (genre la plusse belle au monde à ce moment là).

Té belle en criss

Il avait mis mon nom aussi après pour me montrer qu’il le connaissait mais avec une faute dedans (mais je l’ai pardonné super vite parce que tout l’monde fait des fautes dans mon nom pis que de toute façon il avait le droit de tourner les coins de mes pages couvertures faque de faire des fautes dans mon nom aussi c'est sur).
J’avais vraiment hâte au lendemain matin pour le dire à ma meilleure amie mais j’étais super stressée de le revoir parce que maintenant que j’étais pu nounoune j’avais peur d’avoir l’air encore plusse nounoune (c'est con comme ça).
 
Pis ça été mon premier chum pis on s’est frenché devant tout l’monde (comme tout l’monde) à la fin d’la journée devant le parking des autobus. Lui il avait super hâte de devenir un vrai gars pis moi ça m'tentait pas mais j'avais pas l'choix parce que tout l'monde nous regardait pis que je serais surement jamais devenue quelqu'un de cool si j'l'avais pas frenché cet après-midi là.
On s'est tenu droit super raide pis on a tourné la langue pendant une minute à peu près. C'était pas vraiment spécial finalement ça goutait la gomme Exel-le-paquet-bleu-marin.
 
Nous deux ça pas duré longtemps il prenait du ritalin sur l’heure du midi pis il était ben trop tannant.

lundi 23 mai 2011

Marie-Mai



Elle est épuisée.
Elle a couru dans la neige, s’est battue pour avancer, puis la neige à fondu et il s’est mis à pleuvoir. Elle a eu très mal aux pieds mais elle a continué. Il a venté fort, il a fait terriblement froid, il a plu, tellement plu, elle a avancé le dos courbé, la tête baissée. Le temps cette année, en plus, ne se sentait pas clément. Il lui a poussé dans le dos, l’a injurié, a crié fort, lui a donné des coups de pieds.
Elle se traînait, tenace. Elle ne pouvait pas abandonner. Pas encore.
Mais elle se sentait disparaître.
 
Et il est arrivé.
Rayonnant, avec son regard confiant, son dos droit et son parfum léger. Elle avait mal au coeur, au ventre, au corps, elle avait envie de se reposer enfin. Ça ne lui dérangeait même plus de s’éteindre, elle acceptait de disparaître dans son ombre. Elle savait que de toute façon il prendrait toute la place aussitôt arrivé, qu’il serait toujours mieux qu’elle, plus beau et plus fort, plus solide, plus aimable. Elle était trop changeante et trop peu sure d’elle-même.
 
Elle est épuisée.

Dehors, le vent doux et chaud commence a souffler. Elle lève la tête une dernière fois pour le voir arriver vers elle. Dans ses yeux se dessine la scène qu’elle connait par coeur.
Il lui sourit et le ciel s’illumine.
Il lui tend la main.
Le soulagement la submerge comme une immense vague et son corps libéré s’effondre à ses pieds.

Mai se sent disparaître.

Juin lui caresse les cheveux et continue son chemin.

Ça à passé si vite hein, cette année.

vendredi 20 mai 2011

Kinder surprise.





- Choisi mon Kinder surprise toi. Si ça tombe sur un maudit casse-tête c’est que c’est trop compliqué.

C’est que ça marchera jamais nous deux. Pis qu’on est foutus.

- Oké. Mais j’hésite entre deux. J’en prends un pour moi pis un pour toi. (Je peux pas prendre le guess d’en prendre un pis que ça soit un casse-tête pis me dire que si j’avais pris l’autre peut-être que).

On verra (au pire je dirai que je voulais prendre l’autre).

- Un pour moi pis un pour toi on verra.

- Oké.



(La fille de la caisse à failli casser notre jeu pis mélanger nos Kinder mais heureusement il avait tordu le bout en métal pour reconnaître le siens. Nous on prends pas notre destin à la légère même s‘il roule sur un tapis à côté d‘un sorbet à la mangue, tsé).

Aussitôt que j’ai payé je lui ai donné le siens pis j’ai mis le miens dans ma poche.
Dehors on l’a ouvert pour savoir qu’est-ce qui avait dedans comme si l’issue de notre relation était dans un p'tit contenant jaune en plastique entouré de chocolat au lait. Moi j'étais stressée lui il était pressé.

La vie c’est p’t’être tout l’temps ça, un guess dans un p’tit cup entouré de chocolat. C’est sweet ça goute un peu le plastique des fois on a le goût vite de savoir ça va être quoi on est trop curieux de savoir la suite, des fois on sait que ça va être beau mais c’est fucking compliqué à assembler, des fois on a l’impression qui manque des boutes des fois c’est trop facile pis c’est plate ben raide des fois c’est laite, des fois t’as envie de le montrer. Des fois t’as honte de triper encore sur les Kinder surprise faque tu l‘fais en cachette,....)

J’ai eu peur, pendant une minute.
On fait quoi si c’est un casse-tête?
On ris d’être con pis de laisser un chocolat décider de notre avenir? On se s’rait regardé avec de la tristesse dans les yeux. On aurait surement ri. On aurait dit bof ouan han pis c'est con ahahah. Mais on s'rait rentré avec nos sacs d’épicerie pis beaucoup de tristesse dans les yeux. On aurait été un peu plus serré dans nos vêtements on aurait eu un peu plus mal en dedans. Pour un Kinder. Pour notre avenir qui est un maudit casse-tête entouré de chocolat qui goute un peu le plastique.


Mais dans son Kinder y avait un oiseau. Un grand oiseau avec une grande queue en autocollant pleine de couleur. On était full excité les deux. J’me suis dis wow un oiseau on est sauvé c’est beau on peut voler encore on peut on peut. Pis quand on l’a assemblé finalement c’était un grand oiseau qui ressemblait plus à une autruche avec des longues pattes pis un super long coup qui se plie pas (parce que c‘est fait en papier roulé). Oué. Un autruche c’est pas pire finalement. Un oiseau qui aurait pu voler mais qui décide de se cacher la tête dans le sable. Merci foutu destin quand même, c’est beau beau.



T’aurais même pas pu faire mieux.


Moi j’ai eu un vaisseau spatial. Avec un p’tit conducteur collé dessus tout en couleur pis des genre d’ailes rondes bleues psychédéliques. Sur le p’tit dessin pour l’assembler ils montraient une main qui le tire dans les airs. Envoye envoye fait le voler pitche le en l’air c’est faite pour ça c‘est écrit dans le mode d‘emploi.

On a essayé.
On l’a pitché en l’air
Mais il à pas volé loin.

Il crash c’est pas trop long mon p‘tit vaisseau spécial.

Mais c’est quand même un vaisseau hein. C’est fait pour voler, pour s’en aller loin. C’est faite pour voir les étoiles.

Merci destin.

Pis on a défait les sacs d’épicerie un peu plus léger pis on se sentait correct dans nos vêtements pis dans nos cages thoraciques pas trop trop serrées.

Après devant la télé on à mangé le chocolat en silence en souriant.

On était soulagé, un peu.

mercredi 18 mai 2011

Parce qu'y fallait mettre du gaz dans son char.





Ce soir je sors avec des amies avec qui j’ai perdu la face la dernière fois.

J’ai pas envie de leur expliquer comment ça c’est mal terminé la s‘maine passée. J’ai pas envie d’leur expliquer que mon lift mon lift j’veux pas m’en rappeler, qu’il est tombé dans un abîme (dans ma tête) où il voulait me j’ter (p't’être pas juste dans sa tête) juste parce que j’avais des shorts trop courts que j’assumais et qu’il pensait que parce que j’disais non j’voulais (merde ça existe encore ça?) J’ai pas envie de leur expliquer qu’il pensait que si j’m’étais pas tirée en dehors du char dans une p’tite rue nowhere super trop loin de chez nous (parce qu’y fallait mettre du gaz dans son char) c’est parce que j’voulais.



(Ok récapitulons: Mettre des shorts = Oui je te veux, Pas se tirer en bas d’un char = Oui je le veux fais moi n'importe quoi, Dire non = Oh oui j’veux vraiment. On était même rendu à ‘’tu devrais voir ta face elle me dit que t‘as envie depuis t'alleur‘’, ma face parle pas ostie d’comique, milles personnes avant toi ont essayé de la déchiffrer ma face pis ça adonne que l‘monde est pas si bon qu‘ça là-dedans, j’suis sure que t’es même pas capable de faire un sudoku, écoute don plutôt c’que ma bouche te dis pis va t‘amuser à cruiser un cube rubique). Mais j'l'ai pas dis j'ai juste répété un grand non qui voulait tellement dire oui (...)



J’ai pas envie de m’en vouloir de m’sentir obligée de m’excuser (parce que vu que j’suis une femme pis que j’ai dit oui à un gars pour qu’y me ramène chez nous faut se sentir coupable de c‘qui arrive après même si j’dit non pour toute milles fois après, nos mères nous l‘disent depuis la nuit des temps, t‘es une femme c‘est à toi de faire attention. Finalement les filles pensent comme les gars ‘’t‘avais juste à pas embarquer dans son char‘’).

J’ai pas envie de leur expliquer que j’suis rentrée à 6h00 du mat parce que j’ai été smatt avec jusqu’à ce qu’il me ramène parce que j’avais la chienne. J’ai pas envie de m’faire dire t’aurais pas du tu sais c’est quoi faut faire attention t’es une tite fefille tu sais c’qu’on dit arrête de faire des folies faut pu faire confiance au monde comme ça tu t’mets en danger (pis si j‘ai pas envie moi de me mettre à plus faire confiance à personne? M‘semble que l‘monde tournerait plus drette si c‘était l‘monde pas digne de confiance qui changeaient à la place du contraire).

J’ai pas envie de m’sentir coupable m’semble. J’ai pas envie d’avouer que j’ai eu peur. M’semble que c’est pas d’ma faute si les gars sont colons m’semble que j’porte pas la bêtise du monde dans mon front parce que j’suis une pauvre p’tite fefille qui boit des fois (trop) pis qui à envie de s’amuser (trop) oké.

Ce soir j’sors avec des amies avec qui j’ai perdu la face la dernière fois mais j’leur raconterai pas j’va leur dire ouin ouin en riant ‘’ça c’est ben fini pourquoi?’’ et voilà fin de la péripétie. Elles vont dire que ‘’d’habitude t’es plus hot que ça’’. J’va faire un tchin-tchin général à quelque chose comme la vie le bonheur ou les fefilles tiens (haha) pis elles vont toutes embarquer en criant pis en riant pis en tchinant au bonheur d’être une fefile comme si c’était super cool tout l'temps (même en 2011). Elles sont smatt mes amies elles sont naïves souvent aussi (mais c’est ben correct comme ça).



M’semble que j’calcule trop.
J’espère juste que je vomirai pas que j’va garder mes doigts dans mes poches que j’tomberai pas ‘’en amour’’(comme on tombe en amour un million de fois (j‘avais écris milles fois mais m‘semble qu‘un million ça fitte mieux) j‘aime trop l‘monde tout l‘temps J’FAIS TROP CONFIANCE y parraît).

J’espère que j‘va rentrer toute seule chez moi.

J’espère que l’malaxeur dans mon ventre demain f’ra pas trop de dégâts.
J’ai plus confiance en personne on dirait,
même pas en moi.
C’est plate qu’ils aient réussi à faire ça.
Fuck fuck fuck fuck.


Bon aujourd’hui j’hais les gars (mais)


J’pense que j’suis en colère moi.

mardi 17 mai 2011

J'hésiterais entre un point d'exclamation un point tout court ou un p'tit bonhomme sourire.



J’lui écrirais:
 
“Ça va? C’est parce que j’ai rêvé à toi cette nuit pis c’était vraiment un rêve bizarre...”
 
Il me répondrait surement trois jours plus tard pis j’saurais pas si c’est parce qu’il à une vie plus remplie qu’ça ou parce que c’est calculé.
 
Il me répondrait surement que oui pour être poli, oui comme on dit à n’importe qui, pis j’espèrerais qu’il m’ouvre une p’tite porte sur lui. Je chercherais fort la p’tite porte dans ses mots mais j’en trouverais surement pas pis j’saurais pas si c’est parce qu’il à une vie plus intéressante que ça ou parce que c’est toute calculé ou parce que je l’ai vraiment pas pour trouver les p’tites portes dans les mots sur les écrans.
 
P’t’être qu’il me demanderait même c’était quoi mon rêve don.
 
Je saurais pas quoi lui répondre à part:
 
“Ben oui ça va (parce que pour être poli il m’aurait demandé si moi aussi) merci c’est gentil de m’écrire (comme si j’étais surprise de)”
 
J’aurais l’air d’la fille qui a pas d’mot dans tête alors que oui, beaucoup trop.

J’aimerais ça trouver une phrase super belle genre une phrase qu’on s’en rappelle que quelqu’un nous l’a dit un jour, une phrase pleine de portes grandes ouvertes mais pas trop, une phrase-velours qui fait du bien à la peau pis dans l’dedans une phrase qui fait sourire mais pas un sourire niais qui fait juste sourire un peu pis battre des cils, presque imperceptiblement. Une phrase que quand tu y repense t’as la tête qui part par en arrière parce que tu rentres dans de belles portes, dans plein de possibles excitants.
 
J’lui dirais pas:
 
“J’tai dis ça parce que c’est la seule affaire que j’ai trouvé j’avoue que c’est pas très original c’est qu’en vrai je rêve à toi tout l’temps éveillé, j’t’en veux que ta face soit imprimée sur mes doigts quand j’me touche le soir pis sur mon oreiller quand j’m’endors. J’ai envie de te dire oké on dors juste ensemble collé mais j‘peux pas y é trop tard pis j’suis sure que dans un lit t’as les mains mouillées qui collent dans les cheveux pis j’aimerais tellement ça que mes cheveux se collent à tes doigts. Mais je l’sais y é trop tard t’es retourné à ta p’tite vie plus intéressante que ça pis c’est correct mais maintenant mes mots sortent pu comme j’voudrais pis j’ai l’impression qu’y a pu rien à faire de toute façon ou tout à faire peut-être si j’étais capable de, mais je pense pas j‘ai peur, pis j’ai pas l’goût d’attendre que ta face soit toute floue dans ma tête avant de la revoir par hasard j’ai envie qu’elle soit aussi précise que celle imprimée sur mes doigts, j’ai envie de ta face sur mes doigts pour vrai pis de tes doigts collé sur mes cheveux. (bon oké tu peux respirer)”
 
J’lui dirais pas ça.
 
J’lui dirais juste:
 
“Oui merci ça va, c’est gentil de m’écrire (pis j’hésiterais entre un point d’exclamation un point tout court ou un p’tit bonhomme sourire. J’me dirais que le premier est trop intense le deuxième pas assez et le troisième beaucoup trop niais, peut-être que j’opterais pour rien tant qu’à y être ou finalement surement le bonhomme sourire (tant qu’à y être hein)).”
 
Pis pour le rêve j’lui dirais quelque chose comme:
 
“Oh c’est plus parce que j’me suis réveillée avec un feeling étrange mais le rêve j’m’en rappelle plus vraiment c’est flou...(les trois p’tits points de circonstance comme heu j’te dis vraiment d’la marde pis j’suis plus sure là tout d’un coup).’’
 
Il me répondrait surement pas pis il aurait raison mais j’vivrais pareil une p’tite peine d’amour oiseau en cachette cabane de bois, j’me sentirais comme une p’tite fille à la place d’être une femme pis j’me blâmerais, j’men voudrais pour ça.
 
 
 

lundi 16 mai 2011

Y a comme un vortex dans le fin fond des fins de soirées.




- Eille.
- Quoi.
- C’est quoi ton plus grand rêve?
- Ahah, t’es bizarre toi.
- Quoi j’aurais du te demander qu’est-ce que tu fais dans vie ou ben comment y va faire demain? Attends je l'sais.
- Demain y va mouiller.
- Wow un magicien j'capote.
 
Y a comme un vortex au fond des fins de soirées pis quand tu te rends là jusqu’au fond, des fois tu t’en rappelle pas des fois t’aimerais mieux pas des fois t’as mal des fois t’as des bleus pis tu sais pas pourquoi, des fois t’as comme un grand bien qui te rempli l’intérieur des fois c’est plus comme un malaxeur qui te broie l'dedans, tu te réveille ça splash ton dedans tout rose partout dans ton appartement, pourtant tout est gris tout est bleu, tout est trop grand.
Y a comme un vortex au fond des fins de soirées pis des fois, on tombe dedans. On découvre une autre dimension qui nous donne une brève définition de l'infini.
 
- Mon plus grand rêve c’est de voler.
- Hon, un p'tit garçon. Sérieux?
 
Un soir j'suis tombée dedans on était deux dans le fond de la fin de la soirée pis on s’est touché l'dedans des mains pis les doigts. On s’est flatté les doigts juste ça. J’ai fermé les yeux pis j’me suis laissé avaler pis ça pas duré longtemps pis j’suis partie sans me retourner en tanguant pis en criant bonne-fin-de-soirée. Les vortex ça dure deux minutes pis ça dure une éternité, après tu te réveille un peu plus vieux pis ben poqué. Si t’es chanceux tu te rappelle que t’y a touché, à l’éternité. Pis t’es triste parce que c’est passé. Pis là t'es tout plein d'bien ou (plus souvent) le malaxeur part pis bbrrrrrrgrgrrrrrrrrrrkgrrrrrr ça splash pis c'est tout gris pareil.

- Quoi?
- Quoi? Y faudrait que j’te dise de quoi?
- Non, t’as ben raison.
 
Pis tu te rends toujours plus creux dans le fond des fins de soirées parce que t’espères, t’espères fort un brin d’éternité qui va te permettre de continuer d’espérer, tu souhaites fort pouvoir plonger dedans pis jamais te réveiller. Tu cherches les doigts les plus beaux qui vont plier ton corps-papier-froissé juste comme il faut en petit avion, qui vont te faire voler. Tu cherches les doigts les plus beaux qui vont juste bien fitter, tu cherches à ce que la seule chose qui te rapproche du ciel soit pas les lendemains gris et bleus tu cherches à rêver,
à voler.
 
- Eille.
- Quoi?
- Merci.
(pour l'éternité)
(ouin je l'sais j'suis fuckée)
 
(Des fois j'me sens comme une p'tite boule de papier ben ben pliée en tout p'tit toute serrée prête à être pichnotée).

Heureusement des fois y a comme un vortex dans le fin fond des fins de soirées
qui permet d'espérer.

Pis j'te l'ai pas dis mais tes doigts sont doux
pis moi aussi, mon plus grand rêve c'est de voler.

T'es tu bon dans les avions en papier?



Je l'sais, le truc avec les vortex c'est que tu peux pas y retourner.

vendredi 13 mai 2011

Désir-goupille sur ma cheville.


Mon désir à tenté de s’échapper.
Il s’est faufilé à l’extérieur de mon ventre par le milieu de mes jambes.
Il s'est perdu.
Quand elles se sont mises à parler à s’excuser, il s’est glissé jusqu’à mes chevilles et il a hésité.
Il a peur de mourir seul.
Il s’est accroché à ma cheville.
Il parle en même temps que mes jambes, s’excuse avec elles, quand elles battent des ailes fort grand pour s’envoler.
Il est trop lourd sur mes pieds, il empêche le bas de mon ventre de monter de voler d’exploser.
Ensemble on s'excuse de ça.
 
Mon désir à tenté de s’échapper.
Il s’est glissé jusqu’à mes chevilles et il a changé d’idée.
Il se tient comme une goupille sur le haut de mon pied mais s’accroche, fragile, comme un petit bracelet de chance mal tissé.
Il ne veut pas mourir seul.
 
Mon désir rêve de rire, de s’esclaffer.
Il s’est perdu.
Il à changé d’idée.
 
Moi j’le vois mais j’lui parle pas je l'excuse pas.
Y avait juste à pas se faufiler y avait juste à rester.
Moi je l’sais comment le retrouver mais je l’aide pas.


J’sais pas

j’ai comme peur


d’exploser.


C'est l'été j'suis pognée avec un Boeing dans l'ventre pour la journée.

Aujourd’hui c’est l’été. On se promène tous la nuque à poil les ch’veux qui trainent dedans qui chatouillent. Aujourd'hui c'est l'été, les nuques sont à poil les ch'veux courts sont agace. Y a plein de belles personnes à moitié déshabillées qui marchent partout dans les rues des beaux corps avec des grosses lunettes fumées pis des p’tits ch’veux fous pis des ventres chauds.
 
Des fois y a un corps plus beau qu’l’autre mais vraiment plus beau de loin y sent comme Varadero. Dans c’temps là j’met mon bras devant mes yeux pour me cacher du soleil, pis y passe un gros gros avion qui part de ma tête qui monte dans mon poignet pis qui fly super vite jusque dans ma poitrine pis qui atterri là ou ben qui tombe du ciel à ma tête à mon ventre directement j'sais pas.
 
Aujourd’hui c’est l’été on s’promène les nuques toutes nues toutes collées les ventres chauds pis j’me sens lourde d’avoir un gros avion dans l’corps d’être pognée avec un Boeing dans l’ventre pour la journée.

Mais c’est normal aujourd’hui c’est l’été c’est les vacances y fait chaud pis les corps sont beaux, tout l’monde s’ramasse pogné avec des avions plus ou moins gros.

Mais c'est normal aujourd'hui c'est l'été tout l‘monde rêve d‘un p‘tit tour d‘avion la nuque à poil dans un beau ventre chaud.

Aujourd'hui c'est l'été, y a plein de belles personnes à moitié déshabillées qui marchent partout dans les rues des beaux corps avec des grosses lunettes fumées pis des p’tits ch’veux fous pis des ventres chauds


y s'cherchent des passagers.

mardi 10 mai 2011

Tous les p'tits gars ont une histoire de grenouille



Un jour quand j’tais p’tite à l’épicerie j’ai demandé à mon père qui chantait tout bas
- Cé qui le monsieur qui chante à la radio?
Il a ri, alors j’ai compris que j’avais dis une connerie.
- C’est pas un monsieur, c’est une femme.
- Elle s’appelle Janis.
Je pense que j’ai rien dit parce que je m’en voulais d’avoir dis une connerie.
Il fallait savoir qui était Janis, c’était évident.
 
Mon père m’a aussi dit un peu plus tard qu’il fallait faire attention aux p’tits gars parce qu’ils étaient méchants des fois. Il m’a dit ça dans l’temps où j’portais des chandails bédaine. Il m’a dit ça en cuisinant.
- Je veux que tu comprenne pourquoi je suis dur des fois avec toi.
C’était à cause des p’tits gars. C’était à cause qu’il avait déjà été un p’tit gars et que
-Je sais c’est quoi être un p’tit gars.
Je sais toujours pas vraiment ça veut dire quoi.
 
J’ai une amie qui à dit l’autre fois à un gars
- Tu dois déjà avoir tué une grenouille toi.
Il l’a regardé pis j’me suis dis c’est d’la magie.
- Euh, ouais comment tu sais ça?
Elle a dit
-Tous les gars ont une histoire de grenouille.
C’est p’t’être ça qu’il voulait dire par je sais c’est quoi être un petit gars.
Il a dit
- C’était pas ma faute, c’était la faute d’une fille.
C’est toujours la faute d’une fille quand c’est la faute d’un gars.
C‘est p‘t‘être ça aussi, qu‘il voulait dire.
 
C’est fou comme on change
mais qu’on change pas.
Aujourd’hui quand je rencontre un gars et qu’il me parle de musique
Je lui dis toujours que je connais déjà.
- Oh oui j’adore ça.
Ou
- Oui j’ai déjà entendu.
Quand j‘suis vraiment pas sure.
Y a plus un gars qui m’a regardé en riant comme si on était dans une épicerie.
Après j’aime la musique pour vrai comme j’aime Janis maintenant.
Ça fait que j’écoute plein de bonne musique maintenant, des musiques pour tous mes amants.
Des musiques-grenouilles de gentils et de méchants.
J’ai compris que la musique, c’était délicat.
C’est fou comme ça change pis que c’est toujours pareil en même temps.
Les chandails bédaine reviennent à la mode mais ils appellent ça des cropped tee maintenant.
 
C’est comme les p’tits garçons méchants qui deviennent grands.
Ils sont méchants pareil.
Et c’est toujours la faute d’une fille quand c’est la faute des méchants.
 
L’autre jour j’suis revenue de l’épicerie à pied avec mes sacs trop lourds
Pis je les ai levé chacun leur tours comme si c’était des poids.
10 à gauche 10 à droite 1 2 3 4... Take an other peace of my heart..
Mon chum m’a dit que je devais avoir l’air folle mais j’men fou
Mon papa faisait ça.

Pis je chante en cachette parce que j'ai peur d'avoir l'air folle
(mais ça mon papa le faisait pas).

Si je tuais une grenouille est-ce que ça changerait quelque chose?
Est-ce que je comprendrais mieux les gars?



Pis tsé quand elle dit

Freedom is just another word for nothing left to lose
Nothing, don't mean nithing honey if it ain't free
Yeah, an'feeling good was easy, Lord, when he sang the blues,
You know feeling goof was good enough for me, hm hmm
Good enough for me and my Bobby McGee..

J'trouve ça vraiment beau, j'peux pas m'enlever ce boutte là d'la tête.
Quand j'suis cachée dans ma chambre je l'chante souvent.


Plus tard quand ma fille portera un cropped tee ou peu importe le truc qu'elle va porter qui va montrer son ventre
je lui dirai en cuisinant
- Janis c'était une femme extraordinaire.
- Pis y faut vraiment que tu essaie de mettre une cigarette dans la bouche d'une grenouille.


Pis on verra.

lundi 9 mai 2011

Métro de Béring


Quand toutes mes affaires, comme mon p’tit moi éparpillé et empaqueté bien tapé, seront arrivées à Montréal, j’me dépaquèterai. J’me dépaquèterai encore comme à chaque année pis qui sait c’que j’va trouver, on trouve toujours plein de choses qu’on avait perdu\oublié dans les boîtes de déménagement. On trouve plein de trésors mais y a plein de choses qu’on ne retrouve plus jamais aussi. J’aimerais perdre mon nez avec sa bosse et ne plus le retrouver jamais. J’aimerais le perdre avec mes p’tits orteils croches. J’aimerais perdre ma mauvaise humeur et ma colère aussi quelque part sur la 20 avec mes p‘tits orteils croches et mon nez en bosse. On les prendraient pour des p‘tites roches qui trainent sur le bord de l‘autoroute pis ça serait ben correct comme ça. J’aimerais trouver plein de bonheur. Du bonheur qui se serait caché entre mes orteils croche. Du bonheur qui serait resté pris dans l’dedans de ma tête qui attendait qu’on regarde sous mon nez avec une bosse. Du bonheur pis d’la bonne humeur cachés que’que part qui étaient bien bien empaqu’tés depuis que’ques années peut-être. Pis du désir, pis d'l'amour, qui s'raient tombés et qui se seraient accrochés à mes chevilles comme un p'tit bracelet de la chance fragile.
 
Quand toute mon p’tit moi dépaqueté arrivera à Montréal et s’ra bien installé dépoussiéré, la première chose que j’va faire c’est aller écouter la mer.
 
Métro Pie-IX, j’va m’accoter dans le fond d’un wagon, dos à une porte grillagée. J’va mettre the Wolves Act I et II dans l’piton dans mes oreilles. Le métro va partir, y va s’mettre à venter, j’va fermer les yeux, ça va sentir mes cheveux pis j’va entendre la mer, elle va passer au travers de mon corps-coquillage. J’va faire comme y disaient aux cours de natation, rentre-le-ventre-serre-les-fesses-tiens-toi-droit-regarde-le-plafond pis tu vas flotter.
 
Pis j’va flotter.
Pis j’va m’sentir légère comme la mer qui souffle qui chante au travers de mon corps-coquille.
Pis j’va chanter les yeux fermés avec elle pis Bon Iver dans ma tête.
 
5 minutes plus tard genre au métro Papineau, y va y avoir comme un bruit de portes de métro qui bougent à cause de la vitesse dans la chanson. J’va ouvrir les yeux pis émerger dans l’métro. Je vais remplir mes poumons d’air pis j’va skipper toutes les prochaines chansons à chaque 10 secondes en regardant tout l’monde. On va tous se sentir tous nus quand le métro va shaker pis qu’nos peaux vont brasser autour de nos corps. L’espace d’un instant nos coeur vont être 100 p’tits orbites empaquetés dans l’métro. Leurs empaquetages vont sauter sur le beat d'la musique pis revenir à leur place station Frontenac. Tous les regards vont se croiser au travers de leurs trajectoires-fil-d’araignée fenêtre-plafond-plancher-plan-du-métro-publicité. Tous les regards vont rester pris que’que part.
 
À Berri-UQAM mes jambes vont se rappeler de tout et se remettre à marcher vite machinalement.
 
Ma belle grande amie va m’attendre sur Saint-Denis. J’va la trouver en train de fumer une cigarette pis d’écouter de la musique au soleil assis dans les marches de l’université. On va se faire sourire. Elle va me donner un écouteur pis on va se mettre à marcher vers n‘importe où pis se retrouver devant une terrasse. Ça va être comme si c’était hier comme si c’était y a un an comme s’il ne s’était rien passé comme si je reprenais Montréal où je l’avais laissée pis que j‘lui disais oké tu peux être l‘été je suis arrivée.
 
On va se commander un premier pichet pis j’va r’commencer à fumer. Le temps qui s’était arrêté va reprendre vite, on va se sentir tanguer nos têtes vont tourner, on va rire on va marcher appeler des amis chanter les instruments des bonnes chansons pleines d’été au travers des milliers de lumières qui vont s’étirer, tout le monde va avoir la tête coloré on va s’noyer l’corps sur Saint-Denis au travers de milles poissons multicolores qui vont frayer vers le plateau pour fêter pour s’allumer encore on va devenir accro aux têtes colorées pis on va chanter encore.
 
À minuit et demi j’va commencer à m’en retourner.
 
J’va m’accoter contre la porte grillagée
j’va avoir du vent dans les cheveux
j’va fermer les yeux
pis j’va me laisser tomber su l’dos
pis j’va tomber drette au milieu de la mer de Berring.
 
Au petit matin j’va émerger.
 
Ça va être le même mal de tête, la même soif, le même mal-au-corps
qu’à Québec.
 
Sauf que maintenant,
j’ai la mer.

vendredi 6 mai 2011

J'aime les filles finalement



Ben oué j'change d'idée.


C'est pas vrai que j'aime pas les filles.
C'est l'monde en général que j'aime pas.

Au travers du monde en général par exemple y a plein de filles que j'aime full beaucoup. 

Pis les filles que j'aime elles sont les plus belles.
Elles ont plein d'coeurs différents  


y en a qui se battent fort d'autres qu'y peuvent pu d'autres avec des bras des chauds des froid d'autres qui ont peur y en a avec des pieds pour se sauver pis des amputés pognés des chiffonnés pis des tout neufs des qui veulent aller voir ailleurs pis des pris ben raide dans l'tracteur.


Y en a qui sourient pis y en a qui pleurent.

En tout cas y ont tous une géographie ben ben belle.
Ça vaut la peine de les visiter.  
(même si y en a qui pensent qu'elles sont pas belles en d'dans)
(elles mentent elles aussi elles devraient apprendre à changer d'idée)
C'est jamais les même sentiers ni la même chanson dans l'air.
Y en a qui ont comme un ressac dans l'coeur pour d'autre c'est plus des bruits de moteurs. 
Mais c'est oké.
En tout cas à Montréal quand tu ferme les yeux tu peux entendre les deux.


En tout cas ils sont tous à leur façon ben ben grands.
Comme elles sont toutes à leur façon ben ben grandes.
(elles vont rire les petites) 

Je l'sais dans vie j'aime le monde en général vous aller penser que j'dis des menteries.
C'est juste que j'change d'idée ben ben souvent.

Aujourd'hui j'aime les filles finalement
Mais y a quand même plein plein d'filles que j'aime pas oubliez pas.


jeudi 5 mai 2011

Pendant c'temps là y neige à Saint-Henri

- Si ça sent la cigarette comme ça c'est parce qu'y mouille trop.
- J'comprends pas.
- Le voisin d'en d'sous fume dans sa salle de bain.
- Ouin pis?
- La boucane sort par nos tuyaux.
Ahahahah ostie qu'cé beau.



Y a le gars qui dis j'aurai pu jamais de papillons de toute façon.

Pis y a celui qui dit que les histoires de princes pis de princesses ça existe pas.
Y dit plus bas qu'y sait qu'sa blonde est déçue d'ça pis en même temps y a un peu de, elle doit être déçue de moi, juste un peu de.

Pis y a moi. Pis les histoires d'amour ça se raconte en tout cas.

J'lui d'mande au gars y s'cherche une fille comment.
Y m'réponds
Une fille qui va respecter le fait que j'sois un artiss pas si bon que ça, pis que c'est ben correct comme ça.



Y en a un qui veut s'en aller en politique.

Y en a un autre qui lui dit qu'il a d'la misère à gérer un chat (faque-un-cabinet-de-ministes-oubli-ça).

Y a moi. Maudit que j'suis triste du monde des fois.

On essaie de démêler la gauche d'la droite moi j'me dis pourquoi y en a un qui est frisé pis l'autre pas on essaye de démêler la gauche d'la droite moi, j'suis gauchère pis j'veux juste avancer, tout droit ou pas.

On essaye de démêler les vrais artiss des faux artiss
- Défini l'art enwaye défini,
Té fini l'art c'est subjectif, qu'y dit.
Pis y en a toujours un qui est frisé pis l'autre pas pis personne se demande pourquoi.

Y en a un qui dit une carte mère ça peut être de l'art ça.
Y en a un autre qui ri à mort.
Moi j'peins un ingénieur geek pis un politicien-au-chat-orange sur une belle toile dans ma tête,
pis j'la signe pas.


Moi j'me dis cé ça, on fait d'l'art su l'sofa du salon su l'bord du boulevard Pie IX tard tard le soir,
on est pas si bons que ça pis c'est ben ben correct comme ça.
Pis on est heureux.

 
Y a plein de peintures pas signées sur les murs,

pis y a moi au milieu. 



Y en a un qui r'commence avec ses: enwaye on sort on sort tu on sort au Baptiste on va boire.

Y en a un autre qui dit y veut s'pogner des filles c'est pour ça.

Y dit (le premier) non j'aurai pu jamais de papillons de toute façon.

Eille eille eille ta peu, on est pas toute si bons que ça là-dedans,
Pis c'est ben correct comme ça.



Pis toute est ben ben correct comme ça, 
pis y mouille à siot su l'boulevard Pie IX,
pis y neige que'que part à Saint-Henri,
surement.

mardi 3 mai 2011

On the road again


Votre conductrice Marie-Ève vous attendra à 11h au Shell coin boulevard Laurier \Route de l’église dans une Corolla blanche 2004
Départ pour
Montréal
 
J’étais assise sur le p’tit trottoir avec mon gros sac en tissu plein de bouffe pis de linge ouvert dans le parking (parce que j‘avais encore eu une crise de panique d‘avoir perdu mon cellulaire). Je venais de mâcher une Gravol au gingembre (la deuxième) qui est supposé enlever le goût de vomir mais qui pourtant me donnait vraiment le goût de vomir pis j’essayais d’avaler au moins une bouchée de ma salade de couscous ben trop pleine d‘ail avec un arrière goût de pas bon gingembre (parce que quand t’as le mal des transport faut pas que tu sois trop fatigué que tu sois assis en avant et que tu ais bien mangé faut que tu sois ben concentré etc). Le hic c’est que j’avais pas mangé depuis 2 jours parce que j’avais une sale gastro (comme on en a juste quand on est enfant tsé quand ta mère t’apporte du seven up dépétillé)
 
J’étais assise là donc, en plein milieu d’la place vraiment pas discrète parce que je m’efforçais juste de pas vomir partout dans le parking (pour être très délicate), à côté de Ève (la fille rousse aux cheveux longs avec des lunettes d’aviateur pis des jeans déchirés sur les genoux) qui s’en allait à un son premier cour à l’université avec Marie-Ève Corolla blanche 2004 comme moi (coté 3\5 sur la ponctualité)
 
À 11h57 y a une civic verte forêt qui est arrivé avec une fille pis un gars. Le gars est embarqué 3 minutes plus tard dans un autre char avec un gars qui était directeur des ventes pour des genre de jus qui font garder le poids santé si tu bois juste ça tout l’temps (?!?). Il était habillé en Point Zéro trop grand (genre j’ai maigri buvez de mon produit buvez en tous) avec des dragons pis des tatoos (sur le linge..), il était rasé et, ah oui je me rappelle, il conduisait une Echo grise 1999 rouillée, c‘était beau beau sarcastiquement parlant. J’me suis dis que le ciel était bon que je n’ai pas réservé une place dans ce char là (vomit assuré).
 
Donc le gars qui était arrivé avec la fille (un gars ben ’’normal’’ genre qui aurait pu être mon ami (ça explique pas la normalité je sais) avec une belle barbe pis ben c’est ça j’me rappelle juste de sa barbe), à mis son sac dans le coffre de l’Echo pendant que le gars en vêtements tatoués expliquait à un français de Chicoutimi et à une fille que j’ai vu juste de dos son truc de boisson qui fait maigrir pendant que les deux s’en foutaient royalement (c’est beau (triste-décourageant) comme certaines personnes ne voient pas le non-verbal des gens.
 
Le gars a dit bye à la fille (on va dire sa blonde) au travers de la fenêtre du conducteur. Elle avait la face toute rouge et pleurait beaucoup mais super silencieusement comme si elle voulait pas le déranger. Pis il est parti. Pis elle souriait en pleurant pendant qu‘il partait pis qu‘il la voyait encore. Je la regardais le regarder partir pis quand l’Echo à été rendue loin loin elle partie elle aussi.
 
4 minutes après (ponctualité 3\5 pour Marie-Ève) elle est revenue, s’est stationnée plus loin et est venue se poser avec un stylo pis un pad de papier sur le trottoir. Elle était en jogging avec un gros chandail à capuchon pis sa face était encore toute rouge. Elle s’est placée exactement où son chum (ou peut-être pas) était parti plus tôt pis elle a regardé dans le vide, pis elle a écrit. J’me suis dis qu’elle devait écrire une histoire dans laquelle j’étais, ça m’a fait drôle mais ça m’a fait du bien, pis ça m’a rappelé c’est comment de laisser quelqu’un qu’on aime partir en char pour loin, c‘est triste en maudit.
 
 
Mais ça m’a comme réconforté de savoir que je faisais partie d’une histoire même si j’me tenais là vraiment pas délicatement.
 
Après Ève m’a dit c’est pas normal qu’elle soit pas arrivée, je lui ai dis ouin mais elle est coté 3 pour la ponctualité. On a un peu ri pis j’ai dis oké je vais essayer de l’appeler. Son numéro marchait pas. Fuck you Marie-Ève, à cause de toi Ève va manquer son premier cour à l’université.
 
J’ai appelé Amigo express, ils m’ont mis sur garde parce que toutes les lignes étaient occupées pis ça m’a chanté dans l’oreille:
On the road again, goin’ places that I’ve never been, seein’ things that I may never see again, and I can’t wait to get on the road again... On the road again, like a band of gypsies we go down the highway, we’re the best of friends insisting that the world keep turning our way and our way...
 
Ça m’a fait sourire.
 
Pis Marie-Ève est jamais arrivée. Ponctualité 0 moi j’te dis.
 
Pis je l’sais pas si Ève à manqué son premier cour à l’université. Sa mère l’a chicané au téléphone, elle a dit c’est pas de ma faute maman (je l‘sais pas non plus si sa maman lui fait encore du seven up dépétillé). Quand elle a raccroché elle m’a dit bon ben, je vais prendre l’autobus même si j’ai pas d’argent. Elle est partie avec ses beaux cheveux longs orange pis ses jeans déchirés. J’me suis dis qu’elle était prête pour Montréal pis j’ai oublié de lui dire bonne chance, pour l’université.